Les soirées à thèmes à La charcuterie des cantons gagnent en notoriété. Devant l’intérêt que suscitent ses talents de musicien, notre entrepreneur monte une école de musique en 1983 pour y offrir des cours de violon. Une trentaine d’élèves s’y inscriront.

Crédit photo : Paloma Valeva
Les tâches s’accumulent, le rythme s’accélère, et les temps libres se font de plus en plus rares. Tenir à bout de bras la boutique, l’école et l’éducation des enfants s’avère peu à peu éreintant et problématique. Et puis, Mme Pansera commence à s’ennuyer sur place, elle qui préfère les grandes villes; c’est à Québec qu’elle désire s’installer.
Gilles Pansera passe alors à travers toutes les annonces de la région. Par un pur hasard, il tombe sur un poste de directeur général offert à Saint-George, en Beauce, chez un fabricant d’équipements pour scieries. Les critères sont clairement énoncés : être parfaitement bilingue, et connaître le monde du bois et l’industrie de la transformation. Bien que M. Pansera ne remplisse aucune de ces conditions, il rencontre tout de même le directeur de l’entreprise. Fatigué et désireux de donner sa chance à la relève, ce dernier l’engage, ouvert à la nouveauté et séduit par son parcours atypique. Devant la promesse d’un salaire de 500 $ par semaine et de voir ses frais de déplacements remboursés, Gilles n’hésite pas : « J’ai commencé par faire des allers-retours, car nous étions bien organisés à Lac-Mégantic. Avant de déplacer toute la famille, nous avons décidé de faire un test : la semaine à St-George, les fins de semaines à Lac-Mégantic ».

Crédit photo : Ville de Saint-George
Au bout d’une semaine dans son nouvel emploi, notre entrepreneur détecte des dysfonctionnements qu’il ne tarde pas à solutionner en un temps record. Son esprit d’affaires et sa débrouillardise lui permettent de redresser les revenus de la compagnie, à la grande surprise de tous. Sa grande idée : utiliser une même machine pour différents usages, multipliant ainsi les industries desservies par l’entreprise. En optimisant l’occupation des équipements en place, la productivité s’accroît, les contrats se multiplient, et les profits aussi. Le propriétaire de l’usine est aux anges et compte bien garder sa nouvelle recrue le plus longtemps possible.
Mais Gilles Pansera est vite appelé vers de nouveaux défis. Une de ses connaissances, Claude Paradis, à l’époque président de la Corporation de développement économique à Mégantic, découvre qu’il occupe de nouvelles fonctions à St-George. Connaissant l’homme et ses capacités, hors de question de le laisser quitter la région! Il lui propose donc le tout nouveau poste d’adjoint au commissaire industriel à Lac-Mégantic. Après son entrevue devant les membres du conseil d’administration, il est retenu, non pas pour le poste d’adjoint au commissaire, mais pour celui de commissaire industriel, la charge s’étant libérée entretemps. Ses compétences, son énergie et son efficacité font l’unanimité; c’est de lui dont ils ont besoin.
En février 1985, Gilles Pansera devient donc commissaire industriel, démissionne de l’entreprise de St-George, revend son commerce, arrête les cours de musique, et entame sa nouvelle vie : « Me voilà de retour à Mégantic sans trop savoir ce que doit faire un commissaire industriel. On m’avait dit : tu vas faire du développement. Puisque tu es européen d’origine, nous comptons sur toi pour faire venir des compagnies européennes en Estrie! » raconte-t-il.
Avec sa façon bien à lui de penser le développement économique, il va prendre part pendant cinq ans à l’implantation d’une quarantaine d’entreprises dans le secteur manufacturier. Il convainc entre autres la société Tafisa d’investir et de construire ce qui deviendra par la suite la plus grosse usine de panneaux de particules en Amérique du Nord. Pour sa part, la société Abrasivos de España, fabricant de disques à polir le granit, s’installe en 1987 à Saint-Sébastien. Ce sera le 1er investissement manufacturier espagnol au Canada. D’autres compagnies suivront ses traces, dont un torréfacteur de café.

L’usine de Tafisa à Lac-Mégantic | Crédit photo : TVA Nouvelles
C’est son approche novatrice qui fait le succès de M. Pansera. Il visite une à une les 125 entreprises de la région de Mégantic pour connaître leurs prestataires en amont et leurs clients en aval. Son objectif : trouver des fournisseurs répondant aux besoins très spécifiques des entrepreneurs locaux, et les amener à s’installer sur place pour pallier les difficultés d’approvisionnement de certains types d’équipements. C’est le tiercé gagnant : gain de temps, gain d’argent, gain d’efficacité.
La méthode fait mouche. Dans le Lac-Mégantic des années 80, personne n’a jamais vu de commissaire industriel, et M. Pansera ne ménage pas ses efforts. La démarche est efficace, et les résultats ne tardent pas à se manifester : avec l’aide de programmes de subventions et d’industriels de Mégantic prêts à participer financièrement à l’aventure, des entreprises étrangères s’installent dans la région.
Fort de ces succès et de sa solide réputation, notre fougueux entrepreneur ne s’arrête pas là. Au contraire, sa route s’apprête à croiser celle de personnages phares de son histoire.
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Par Sophie Simonnet